La formation continue obligatoire

En 2012, à l’heure où des organismes d’autres secteurs d’activité implantent des programmes de formation continue obligatoire pour leurs membres, le conseil d’administration de la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du Québec (CMMTQ) se prononce en faveur d’un lien entre maintien de la licence d’entrepreneur et perfectionnement. L’idée est qu’une personne qualifiée devrait continuellement parfaire ses connaissances. Ce concept est en lien direct avec la mission de la Corporation : renforcer la compétence de ses membres.

Mais la CMMTQ est alors loin de se douter que 10 années seraient nécessaires pour régler ce dossier. « Nous échangeons aussi avec la Régie du bâtiment du Québec, tout comme avec la Corporation des maîtres électriciens du Québec, sur l’obligation de formation continue qui pourrait être imposée sous peu aux entrepreneurs de construction », écrit le président de la CMMTQ de l’époque, Benoit Lamoureux, dans le rapport annuel 2012-2013.

Alors que la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) travaille sur un projet semblable, la CMMTQ décide d’être proactive et d’élaborer son propre régime. Il s’agit d’un dossier délicat, puisque plusieurs membres possèdent plus d’une sous-catégorie de licence. Dans ce contexte, la CMMTQ cherche une solution équilibrée entre la volonté d’amener les entrepreneurs à suivre l’évolution de leur domaine d’activité et la mise en place d’exigences réalistes.

Afin de s’harmoniser avec les autres organismes mandatés pour qualifier les entreprises, la CMMTQ entreprend en 2014 des discussions avec la RBQ et la Corporation des maîtres électriciens du Québec (CMEQ). Toutefois, le président François Nadeau indique dans le rapport annuel 2015-2016 que la Corporation exprime « des craintes sur la lourdeur des obligations » proposées par la RBQ. La CMMTQ veut s’assurer que la RBQ n’ajoutera pas d’obligations à celles qu’elle pourrait imposer.

En 2017, la CMMTQ se prépare à répondre aux exigences liées à la formation continue obligatoire et s’équipe de la technologie nécessaire pour diffuser les cours à distance.

Tandis que la ministre responsable de la Protection du consommateur et de l’Habitation s’engage à aller de l’avant avec le projet de formation continue obligatoire, des élections provinciales sont déclenchées en 2018. La CMMTQ doit alors recommencer ses activités de représentation auprès du nouveau gouvernement.

À la fin de l’année 2019, à la suite d’un travail d’arrimage fait avec la RBQ et la CMEQ, un projet de règlement sur la formation continue obligatoire des maîtres mécaniciens en tuyauterie élaboré par la Corporation est publié. Les travaux pour opérationnaliser la gestion de ce dossier avec la RBQ et la CMEQ commencent dès 2020. D’ailleurs, pendant la pandémie, les membres de la CMMTQ sont nombreux à développer leurs compétences en suivant des formations virtuelles, ce qui facilitera leur adaptation une fois le règlement en vigueur.

En 2021, le conseil d’administration de la CMMTQ autorise l’embauche d’un conseiller en formation afin de permettre à la Corporation de satisfaire les exigences additionnelles liées à la mise en application de ce nouveau règlement. Il autorise également la signature d’une entente administrative portant sur la reconnaissance des formations continues obligatoires avec la RBQ et la CMEQ. Ce texte prévoit un principe de reconnaissance réciproque fondé sur l’application de critères communs. De plus, la Corporation est chargée de reconnaître les formations liées aux spécialités de la mécanique du bâtiment. C’est le comité des membres qui procède à la reconnaissance des formations.

« Nous avons défini les critères de reconnaissance des formations, préparé les systèmes, mis sur pied les processus et produit des outils de communication efficaces pour aider les membres à bien comprendre leurs obligations. De plus, nous avons tout mis en œuvre pour accompagner nos membres et leur offrir des formations pertinentes, diversifiées, abordables et accessibles à tous, partout au Québec », déclare Steve Boulanger, directeur général de la CMMTQ.

Le Règlement sur la formation continue obligatoire des maîtres mécaniciens en tuyauterie entre en vigueur le 1er avril 2022.

Depuis, les répondants en exécution de travaux en plomberie et en chauffage ont 2 ans pour suivre, selon leur statut respectif, 16, 24 ou 32 heures de formation reconnue. La première période de référence de 2 ans a pris fin le 31 mars 2024. Si le nombre d’heures de formation n’est pas atteint à l’expiration de cette période, le répondant ne peut plus agir à ce titre et l’entreprise peut perdre sa licence.

Depuis 75 ans, la CMMTQ veille à la qualification professionnelle des maîtres mécaniciens en tuyauterie, favorise le développement de leurs compétences et rend à ses membres tous les services dont ils ont besoin dans l’exercice de leurs activités professionnelles, notamment en matière de formation – et ce, dans le but d’assurer la protection du public.

Depuis tout aussi longtemps, les membres reconnaissent l’importance de tenir leurs connaissances à jour. Ce sont d’ailleurs eux qui ont souhaité la création de ce règlement. Pour preuve, ils ont mis sur pied un comité et élaboré les principes de base de la réglementation actuelle. Fiers de leur métier riche et complexe, comme la mécanique du bâtiment, ils veulent ainsi redonner leurs lettres de noblesse à leur titre de maître mécanicien en tuyauterie et à leur licence d’entrepreneur.


Des leaders de l’industrie

En démontrant au public qu’ils se prennent en main dans le but de maintenir leurs connaissances à jour, les maîtres mécaniciens en tuyauterie sont des leaders dans le domaine de la construction. Ils contribuent ainsi à exécuter des travaux sécuritaires et de qualité pour les occupants des bâtiments.

Grâce à la formation continue, les répondants en exécution de travaux de construction pourront maintenir leurs connaissances à jour et rester informés de l’évolution des normes, de la réglementation et des technologies, contribuant ainsi à une meilleure protection du public. De plus, investir dans la formation continue donne une valeur ajoutée à la licence de plomberie et chauffage.

« Le dénouement heureux de ce dossier est le résultat d’une dizaine d’années de discussions avec la RBQ, la CMEQ et le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation. Nous sommes fiers d’avoir mené à bon port ce projet porteur et d’avoir convaincu le gouvernement d’appuyer notre demande. Avec le soutien des membres, nous avons surmonté plusieurs embûches au cours des dernières années. Notre ténacité a porté ses fruits », conclut Steve Boulanger.